« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots »

par cjvpourwissam

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots »

«

Quant il rentre chez lui, Monsieur est accueilli par les reproches de Madame (cause). Il est donc tenté de rentrer de plus en plus tard, pour éviter cette mauvaise ambiance (conséquence).

Le soir, en rentrant de son travail, Madame est seule pour gérer la maisonnée (cause). Elle n'est guère portée à la bonne humeur quand Monsieur rentre tard (conséquence).

Chacun des deux protagonistes va adopter une explication linéaire de la situation :

  • Point de vue de Monsieur « L'ambiance familiale est détestable (A), donc je l'évite (B) »

  • Point de vue de Madame « J'ai seule la charge des enfants après ma journée de travail (A), donc je ne suis pas de bonne humeur (B) »

Pour un intervenant, la situation est compliquée. Pour sortir de cette impasse, il a intérêt à agir de façon bienveillante, circulaire, systémique et non simpliste. Il demandera à chacun, individuellement, des petits changements :

  • A Monsieur, de diminuer ses rentrées tardives ne serait-ce qu'une fois par semaine

  • A Madame, de remplacer les reproches par un sourire chaque fois que Monsieur rentrera tôt, même si ce n'est qu'une fois par semaine au début

Le pari c'est qu'en introduisant un changement, même mineur, dans la nature du « tennis relationnel » c'est la relation dans son ensemble qui, progressivement, va évoluer. »

Si de manière duale on fait une analogie avec la mort de Wissam, ça donne :

« Wissam a été dans sa vie humilié par la police (cause). Il a nourrit la haine de la police (conséquence).

La police a l'impression que les « Wissam » ne respectent rien (cause). Elle nourrit une haine des « Wissam » (conséquence).

Chacun des deux protagonistes va adopter une explication linéaire de la situation.

  • Point de vue des « Wissam » : « L'Etat n'est pas bienveillant, il nous porte éternellement l'étiquette de délinquant même lorsque l'on est victime, nous n'avons pas à le respecter »

  • Point de vue de la police : « Nous n'avons pas à respecter des personnes qui commettent des actes de délinquance »

On pourrait demander aux « Wissam » et à la police de faire des efforts. Mais ça ne fonctionne que s'ils sont partagés. C'est ce que l'on a essayé de faire ... Le problème c'est que chacun ne voit pas les efforts que l'autre fait et il les considère comme normal parce qu'il ne ressent pas la souffrance de l'autre et est enfermé dans ses habitudes. Respecter les règles lorsque l'on se sent victime et injustement traité ça tient de l'exploit.

Pour pouvoir résoudre le problème réellement, il faudrait une vraie médiatrice : la justice. C'est elle qui ferait évoluer la relation dans son ensemble.

Malheureusement, du point de vue des « Wissam », elle est perçue comme complice de la malveillance de l'Etat et du point de vue de la police comme complice du laxisme vis à vis des « Wissam ». »

Nous sommes dans une impasse parce que chacun refuse de voir que l'on est dans un système complexe. La police dit défendre l'ordre républicain. Ceux qui combattent les violences policières disent défendre l'ordre moral.

On est depuis l'école primaire conditionné à privilégier la logique linéaire basée sur des axiomes simples : 1+1= 2. C'est ainsi que l'on apprend dans les premiers âges à acquérir des notions : on sépare un problème complexe en petits problèmes simples résolubles par mimétisme linéairement. L'injonction culturelle à l'immédiateté pousse aussi naturellement à avoir une vision simpliste du monde basée sur ses sens. Parfois cette logique est légitime lorsque le périmètre est limité.

Pour les relations humaines, on devrait penser système : la cause d'un problème simpliste peut en réalité être la conséquence d'un autre problème. Si on pousse la boule, on peut se rendre compte que la solution rapide d'un problème peut en réalité être le problème lui même. Si on applique une logique linéaire là où on devrait appliquer une logique système, on crée un problème plutôt que de le résoudre en cherchant à le résoudre. C'est ce que semble faire l'Etat actuellement.

Causes et conséquences s'enchainent non pas de façon linéaire (A entraine B), mais circulaire (A entraine B, qui rétroagit sur A et ainsi de suite).

Dans une interaction circulaire répétitive, il n'y a que deux acteurs aux actions interconnectées qui se renvoient la balle et qui de l'extérieur semblent jouer et se victimiser de manière puéril comme au bac à sable. Chacun est coauteur de la situation, et donc coauteur du problème dont, par ailleurs, il se plaint.

Il faut être vigilant parce que le tennis relationnel peut avoir un effet cascade lorsqu'une idéologie partagée dans chaque camp s’infiltre, c'est à cela que l'on assiste aujourd'hui. C'est aussi le cas du conflit israelo-palestinien. On peut atteindre un point de non retour où la souffrance, l'antipathie, la perte de la dignité sont telles que la destruction de l'autre apparaît comme la seule solution possible.

C'est visiblement en ce sens que l'on peut comprendre la phrase de Martin Luther King.

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