La Rumeur - Le Chemin Est Long
Que veulent-ils au juste ? Que veulent-ils au fond ?
Ont-ils plus d’esprit que des pieds de guenons ?
Y a-t-il un coin d’un frais qu’ils n’ont pas piétiné ?
Reste-t-il une insulte qu’ils n’aient pas aboyée ?
Le bout de chair rose qui remue entre leurs dents,
Leur sert-il à autre chose qu’à nommer noir le blanc ?
Qu’à vomir du gitan, ou des chapelets musulmans ?
Qu’à faire de la peur nos émoluments ?
Qu’à baptiser de leur cul d’horribles monuments ?
Qu’à s’accrocher au trône comme à une vache en diamant ?
De quel nouveau haillon vont-ils habiller les tours ?
Quel tapis de paille nous gardent-ils pour l’amour ?
De quel genre de frissons peuvent-ils être remplis,
Quand ils étouffent la mort de Hakim Ajimi,
Wissam El Yamni, Abdel El Jabri,
Duquenet Luigi, ou Jamal Ghermaoui ?
Ont-ils une idée de ce que ça coûte à l’âme,
De fuir sa terre sous la poussée des flammes,
De revoir une photo comme on revit un drame,
Dans la chambre aveugle d’un foyer sans femmes ?
Ce qu’ils nous cachent encore, ce qu’ils nous montreront,
Eux ou d’autres parangons de raison,
Ce que nous acceptons, ce que nous refuserons
Le chemin est long… Le chemin est long.
A quoi rêvent ces gnomes quand ils lancent en Afrique,
Des puits d’uranium paraït-il démocratiques ?
Est-ce les embruns des docks ou des hydrocarbures,
Qui les font si ivres aux tables des dictatures ?
Combien d’hécatombes sont-ils prêts à signer,
Dans les sables arabes des non-alignés ?
Combien de planches à billets faut-il faire crier,
Pour que marche un empire sur des têtes sciées ?
De quelle nécrophilie sont-ils le symptôme ?
De quels cimetières réveillent-ils les fantômes ?
Savent-ils tendre le bras en ouvrant la paume ?
Savent-ils qui nous sommes ? Savent-ils ce qu’est un Homme ?
Ce qu’ils nous cachent encore, ce qu’ils nous montreront,
Eux ou d’autres parangons de raison,
Ce que nous acceptons, ce que nous refuserons
Le chemin est long…