Monsieur Dupond
Pour Monsieur Dupond, le policer c'était d'abord le gentil, celui qui protégeait la veuve, l'aveugle et l'orphelin des tordus de ce monde.
Sa maman lui disait souvent petit, ne fait pas de bêtises sinon je vais appeler la police.
Un jour, Monsieur Dupond est victime de la malveillance d'un policier.
Mais Monsieur Dupond sait bien qu'il y a des bons et des mauvais et que les mauvais comme partout ce n'est qu'une minorité.
Monsieur Dupond s'attend à ce que les bons policiers se désolidarisent des mauvais policiers.
Il s'attend à ce que la Justice le protège des injustices.
Tout ceci, lui semble normal et naturel, automatique.
Pourquoi en serait-il autrement ?
Monsieur Dupond a confiance. La France pays des droits de l'homme le défendra et puis il passera à autre chose.
Mais Monsieur Dupond va vite déchanter, une première fois quelque chose clochait mais tout allait rentrer dans l'ordre se dit il, l'erreur est humaine, une seconde fois, eh behn, l'intelligence n'est pas la chose la mieux partagée se dit il, ah les incompétents, une autre fois, mais enfin, ils vont retrouver la raison ou quoi, une autre fois, mais que recherchent ils enfin, une autre fois, il y a un problème.
Quel problème ?
Tout est contraire à ce que Monsieur Dupond pensait, et puisqu'il pensait du bien de la police et de l'Etat de droit, l'erreur était en réalité dans son jugement passé, il fallait tout déconstruire pour comprendre.
D'où vient cette violence injuste qu'il subit ?
Et oui, loin de se désolidariser des mauvais policiers, les bons policiers vont se solidariser, Monsieur Dupond est exclu, le message que Monsieur Dupond comprend est le suivant : on est solidaire avec eux parce qu'ils ne sont pas si différents de nous et on peut les comprendre, au fond on aurait pu être dans le même cas, et il n'y a pas de fumées sans feu. Et puis ça leur apprendra, ça en fera un exemple, qu'on ne se frotte pas à nous et il n'y aura pas de problème. Nous sommes les dominants, nous sommes l'autorité, on veut le respect. La nation en perte de repère manque d'autorité, nous l'incarnons.
Mais Monsieur Dupond s'énerve, mais on se croirait à la maternelle, dans quel monde vit-on ? Ce n'est pas possible ! Merde enfin, on ne demande que la vérité et la justice afin de rétablir des préjudices, sans mensonge ni injustice, lorsqu'on est responsable on répond de ses actes. C'est logique ?
Monsieur Dupond est en colère, on veut lui la faire à l'envers, ça la police n'aime pas qu'on lui dise ce qu'elle pense d'elle alors elle va être encore plus malveillante, ça leur apprendra, ils nous défient, ils vont voir qui sont les plus forts.
Mais Monsieur Dupond est encore plus en colère, on s'attaque là à ses droits, à sa dignité. Ce n'est pas possible, quelqu'un va bien taper du poing sur la table et dire non.
Non personne tape du poing ...
Et la police, elle n'aime pas qu'on lui dise ce qu'elle ne veut pas entendre et puis il va trop loin Monsieur Dupond, il pourrait être mécontent en silence, avec courtoisie, comme les autres enfin, ça ne changerait rien à l'issue mais au moins c'est dans l'ordre des choses et puis s'il n'est pas content on lui fera comprendre qu'il faut vivre avec l’humiliation qu'on lui fait subir, c'est ainsi. Qu'il aille en Belgique, il comprendra enfin la chance qu'il a de côtoyer une police républicaine. Quant à ceux qui oseront nous reprocher le contraire qu'ils viennent à notre place, ils sont bien contents quand ils font appel à nous, tous les jours nous protégeons les citoyens, tous les jours nous nous mettons en danger, tous les jours on la ferme, on prend des coups, des insultes, de la racaille et des humiliations de ces gauchistes de merde. On mérite un minimum de reconnaissance ok ! Maintenant ça suffit toujours les mêmes. C'est fini le laxisme pour les voyous qui nous narguent.
Et le ministère de l'intérieur, toujours la même rengaine lorsqu'on lui parle de violences policières : "je ne supporte plus ... la consubstantialité ...".
Mais Monsieur Dupond, a son corps, son âme, son sommeil, ses principes, sa conscience, son inconscience, qui lui disent qu'il ne peut vivre ainsi à genoux, il se dit qu'il ne fait rien d'autres que de demander le respect de ses droits qu'on lui refuse encore et encore comme si sa vie ne valait rien. A force ne jamais se remettre en cause les policiers forcent les Dupond à les remettre en cause.
La consubstantialité mon cul !
Monsieur Dupond est dans une prison qui n'a pas de barreaux, sa vie est une marionnette, on joue avec sa vie, on le catégorise, on le rend responsable de tout ce qu'il n'est pas, on le fait souffrir, s'il avait fait une connerie c'était à la justice de le juger mais là c'est de la vengeance, de l'injustice ajoutée à l'injustice. Que lui reste-t-il ?
Une des solutions évidentes mais dont il se refuse est de faire du mal en retour. Ce n'est pas quelqu'un de mauvais Monsieur Dupond, ça il ne peut pas l'accepter. Cherchons une autre solution se dit il, cherchons, cherchons encore … Il n'y en a pas d'autres. Continuons à chercher .. Toujours rien … Continuons, tapons à toutes les portes, quelqu'un va bien ouvrir ! ... Toujours rien ... Tant pis, on a pas le choix il faut continuer à nager ou couler.
Jusqu'au jour où on apprend à Monsieur Dupond que c'est fini, il faut accepter de vivre humilié comme les autres dans le mensonge, esclave d'un maitre malveillant qu'on lui impose. Il s'attendait à quoi Monsieur Dupond, les droits de l'homme c'est pas pour lui faut pas déconner lol.
Ils ne seront jamais satisfaits de lui, il lui faut être parfait.
Ce jour là Monsieur Dupond, comprendra que ses illusions et ses principes sont plutôt cons que "consubstantielles".