Philosophie vs Tragédie
Il existe plusieurs façons contradictoires de voir le monde.
La première est la vision philosophique, philanthropique, universelle. Elle consiste à penser que l'on peut s'entendre universellement sur tout à partir du moment où toute pensée est le résultat d'une logique. Elle vise l'adéquation de la pensée et de l'action. La force de cette vision c'est qu'elle peut permettre de se mettre d'accord sur des besoins. Elle vise la qualité. La faiblesse de cette vision c'est qu'elle rend difficile la possibilité de se mettre facilement d'accord sur des stratégies lorsque les référentiels à la base sont différents. Elle suppose une mutuelle confiance et une population éveillée. Cette vision est réaliste sur un petit groupe, même hétérogène.
La seconde vision, est la vision tragique, empirique, pratique. Elle consiste à penser qu'il existe des vérités contradictoires à partir du moment où un axiome subjectif est à la base de toute logique objective. Elle vise l'efficacité de l'action face aux difficultés. La faiblesse de cette vision c'est que seul le rapport de force gère les interfaces et annihile les problèmes. Elle ne croit pas en un système qualitatif mais en un système efficace. Elle considère qu'à défaut de se mettre d'accord sur le meilleur, il s'agit de se mettre d'accord sur le moins pire. La force de cette vision c'est qu'elle crée des intérêts convergeant pour ceux qui dominent. Cette vision est réaliste sur un groupe homogène sur le court terme. C'est la contrainte de la force qui fait maintenir ce système. C'est le monde de la politique. Ils construisent d'éternels ennemis sans se soucier du besoin exprimé. Sans comprendre qu'il y a une part de vérité dans le paradigme de l'autre qui le poussera à vouloir mourir pour sa cause. Ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les besoins de chacun. Les besoins exprimés étant perçus comme des caprices, des stratagèmes pour renverser le rapport de force.
La troisième vision, est la vision d'inspiration philosophique mais de fonctionnement tragique. C'est le système politique qui nous est vendu. Il pallie à la problématique du long terme de la vision précédente. Il consiste à faire croire que le premier paradigme gère la société alors que c'est le second qui règne. Cette vision maltraite les minorités et se cache sur le soutien et la bonne conscience de la majorité pour se maintenir. Cette vision est perverse, elle se maintient sur le court terme par la contrainte et sur le long terme par une fabrique illusoire du consentement. Parce qu'elle ne ferme pas la porte à la vision tragique, elle ferme la porte à la vision philosophique.
Il pourrait exister une quatrième vision, celle d'inspiration tragique et de fonctionnement philosophique. Ca serait le bon dictateur, le bon roi, le bon empereur.
Toute la question c'est comment rendre la vision philosophique assez réalisable et efficace sur un grand groupe même hétérogène pour annihiler la tentation tragique ?