Seul le gong de la mort nous arrêtera !
Ils veulent avec insolence que vous oubliez les injustices.
Ils veulent vous voir dociles, assommés d'informations pour que vous soyez perdus, anesthésiés.
Ils veulent vous rendre complices, que vous soyez spectateurs de vos vies et du monde, externes à des faits qu'ils disent isolés mais dont ils sont à l'origine.
Ils veulent que vous ne changez pas, vous êtes bien trop utiles ainsi, et si vous deviez changer conformez vous à l'image qu'ils se font de vous dans vos réactions.
Jetez vous dans leurs bras lorsque vous avez peur, ils en pleuront de joie.
Cédez à leurs chantages.
Ayez peur des informations qu'ils font parvenir aux journalistes pour que les appelez à l'aide.
Ne soyez préoccupés que par vos problèmes, ils s'occupent du reste.
Vous devez vous persuader que les pouvoirs sont indépendants.
Tel est leur fantasme dont vous n'êtes qu'un objet et bientôt une victime.
Ils veulent faire de vous les lâches qu'ils sont, ils ne vous respecteront que si vous les ressemblez.
Et si nous sommes victimes d'une injustice et que les émotions nous submergent, dans la tête de ceux qui jouent avec nos vies, ils ont la conviction que nous allons nous indigner quelques jours, et qu'après les choses vont retourner à la normale, ce qu'ils appellent l'ordre. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi.
L'émotion ne dure jamais bien trop longtemps, avec le temps ils se disent qu'ils peuvent faire tout accepter à une population même le pire. Chaque événement doit être comparé à un autre, chaque acteur à un autre, chaque victime à une autre.
Nous sommes encore et toujours essentialisés.
C'est cette logique qui leur a fait perdre toutes les colonies à travers le monde.
Ne traitant pas avec équité une population et répétant les mêmes stratégies de contre-insurrection, il en a suffi d'une seule pour les faire faire leurs valises.
L'homme n'apprend pas de ses erreurs.
Acceptez vous le rôle que l'on vous a donné ?
Et si nous résistons nous aussi ?
Ah …. il faudra nous criminaliser, nous psychologiser, intensifier la violence, pour notre bien diront-ils.
Et si nous persistons ?
Ah ….. ils feront appel aux arguments d'autorité, un stratagème pour avoir toujours raison selon Schopenauer : le plus puissant parce qu'il permet de se déresponsabiliser et de ne pas être contredit.
Qui iraient contredire des experts ?
Il ne sert à rien de parler d'une victime d'une injustice, il faut laisser la justice et ses juges enterineurs s'en occuper, enterrer l'histoire comme ils font tous les jours. Pour cela il faudra amadouer les experts, nous criminaliser à leurs yeux, pour qu'ils se conforment à leurs désirs suprémacistes.
Quoi d'autres ?
Il faudra faire comprendre aux procureurs que sans la police ils vont ramer, ça l'histoire nous montre que c'est pas compliqué depuis que l'on a enlevé tous les moyens à la justice.
Quoi d'autres ?
Il faudra squeezer les préfets récalcitrants, résistants, en faisant appel à leurs supérieurs s'il le faut pour qu'ils soient déterminés à continuer à se comporter comme des lâches, comme des pions qui diront à leurs sujets de faire ce qu'ils disent à défaut de faire ce qu'ils font.
Quoi d'autres ?
Il faudra laisser le choix du camp, faire croire que c'est la police contre une famille. Et que si on n'est pas du camp de la police, on est contre le camp de la police. Il ne faut surtout pas dire que les policiers sont en réalité divisés, que des syndicats ne cautionnent pas n'importe quoi, il ne faut pas dire que certains en ont marre de couvrir des criminels qui les ont déshonorés collectivement. Il ne faut surtout pas dire que nombreux sont ceux qui démissionnent, n'en peuvent plus ou demandent des mutations. Il ne faut surtout pas dire qu'une minorité agissante qui se comporte comme une mafia malveillante prend en otage une majorité silencieuse.
Ils sont tellement habiles que même certains journalistes et politiques se feront complices de cette dichotomie.
Quoi d'autres ?
Ils vous traiteront au niveau de la pensée de la même manière qu'ils traiteront vos corps qui vous sont dépossédés, niés, déchiquetés, si vous convulsez face à leurs violences et leurs injustices.
A chaque résistance, ils intensifieront le degré de violence.
A chaque écrit, ils voudront vous dénigrer, ne plus vous redonner l'envie de les provoquer.
Parce qu'ils se sentent provoqués lorsque vous dénoncez des vérités et les injustices.
Il faut aller au plus simple, plutôt détruire des victimes que faire face à ses responsabilités.
Qui sont les lâches ? Qui sont les laxistes ?
Et à chaque violence qu'ils auront intégré un cran sera franchi, elle deviendra légitime bientôt légale.
La force doit rester à la loi disent-ils, alors il faut rendre la loi et ses institutions scélérates.
Ce qu'ils appellent la violence légitime parce que légale. Légale à force de compromissions.
Légitime parce qu'ils en ont inventé le référentiel celui qui cherche à maintenir des privilèges.
Les mêmes qui permettent à chaque crise du management de faire de nous des souffre-douleur.
Si les règles permettent de revendiquer des droits et donc de combattre des privilèges alors une nouvelle législation verra le jour, le jour où la population aura peur pour ne plus permettre de remettre en cause des privilèges.
Une population qui a peur, est prête à accepter toutes les concessions alors il faut la maintenir dans la peur, assistée.
Une population qui a peur ne réfléchit plus et sombre dans le chaos.
Dans leurs têtes nous ne savons pas nous maitriser, nous sommes tous les mêmes. Au fond, ils nous détestent mais au fond ils aiment aussi à nous détester car sans nous ils ne seraient rien.
Un ennemi de l'intérieur est utile pour le piétiner et prendre de la hauteur.
Dans leur imaginaire nous sommes de passage, eux dans le noyau et nous comme des électrons à l’extérieur, en mouvement.
Dans leur imaginaire nous sommes responsables de chaque malheur qui nous touche. Et si chaque criminel a de bonnes raisons d'en vouloir à sa victime sans que ça ne légitime son crime. Il en est autrement pour les criminels assermentés si nous en sommes les victimes c'est parce que nous l'avons mérité.
Nous avons à leurs yeux qu'une seule identité, celle qui est la plus simple à nous catégoriser et c'est selon celle-ci que nous devons être traités. Toutes les autres identités multiples sont ignorées, secondaires, pas importantes.
Alors ils sont ensemble et se persuadent d'être du bon côté.
Sans contradiction et avec le nombre on se persuade de tout.
Dans leurs têtes nous finirons par digérer notre soumission par la force ou par le temps.
Pourquoi ? Parce qu'il en est ainsi pour des enfants gâtés, capricieux à qui on a donné de l'importance et à qui leurs supérieurs ne refusent rien parce qu'ils ne savent pas les manager autrement.
Dans la tête de nos bourreaux nous ne sommes que des corps affolés, qui leur appartient, des choses qu'il faut envelopper, pénétrer par une force plus importante pour nous mettre hors état de nuire.
Personne n'a à s'occuper de la mémoire de Wissam, la justice s'en charge.
Sa seule identité est celle d'être une victime de violences policières désormais.
Coupable d'être victime de violences policières le salaud de Wissam.
Et le comité qu'est ce qu'ils nous font chier à vouloir ce qui aurait dû être fait une semaine après sa mort : la vérité médicale !
Qu'est ce qu'ils nous font chier à ne pas accepter ce qui arrangerait tout le monde, Wissam est mort, il ne reviendra pas, à quoi ça sert de vouloir la vérité ?
Ils ne comprennent pas.
C'est l'ordre des choses.
L'ordre du monde.
L'ordre légitime.
Le seul ordre qui se doit de préserver.
Oui l'image est fausse mais faisons comme le père Noel semblant.
Pour les enfants gâtés !
Il n'y aurait pas de système meilleur.
C'est ce que l'on se tuait à dire à ceux qui dénonçaient la tyrannie de la monarchie d'ancien régime.
Cachons alors les fissures de contradictions en attendant la prochaine mutation, prochaine promotion, prochaine élection.
Cet ordre est fait de mépris organisé, planifié, prémédité.
Nous n'en profitons pas.
Dans cet ordre notre manque de discernement, notre manque d’endurance , notre manque de rêve, de rigueur, de confiance dans nos capacités, nous rendent complices.
Force est de constater qu'ils peuvent faire de nous individuellement ce qu'ils veulent si collectivement nous sommes fragiles et le consentons.
Si collectivement nous étions unis face aux injustices, nous serions insubmersibles.
Alors que faire ?
Au fond nous ne sommes que quelques gouttes donc visiblement ça ne servirait à rien de résister certains disent.
Ceux qui pensent ainsi ne comprennent pas le sens du devoir.
Rappelons nous les prophètes !
Combien étaient-ils au début ?
Comment étaient ils traités ?
Oui ils souffraient comme devait souffrir De Gaules à Londres.
Mais qui n'aimeraient pas participer à la marche de Gandhi, de Martin Luther King à Selma ...
Nous souffrons mais nous avons aussi le privilège de vivre un moment historique, celui qui peut mener à une vie meilleur si nous savons bien le digérer.
Chaque prise de position ici et là est une goutte qui peut influer un courant.
Soyons ces gouttes de vérité, faisons de cette petitesse une force et cessons de vouloir voir le résultat instantanément.
Il n'y a pas de victoires intermédiaires, elles ne sont que des victoires à la Pyrrhus si elles ne sont pas légitimes.
Il n'y a pas de défaites, il n'y a que la manifestation de ce qui n'était pas visible et donc d'opportunités de comprendre la carte et le territoire aux plus grands nombres.
Chaque victoire est une défaite parce qu'elle permet d'en enterrer une centaine d'autres et chaque défaite est une victoire parce qu'elle permet d'en relever une centaine d'autres.
Quoiqu'il arrive nous devons être serins à la différence des tyrans qui sont angoissés par les vagues de vérité. Ils espèrent donner les patates chaudes qui s'accumulent au juge suivant, au procureur suivant, au préfet suivant, au ministre suivant ...
Le sens des responsabilités se perd.
Ce que nous devons comprendre c'est que sans flux, sans action, sans matérialisation de la pensée, il n'y a pas de réalité ni de potentialité.
Le pouvoir est le contre-pouvoir n'est que logistique. Il n'est rien d'autre. Il n'est pas une habitation, il n'est pas un titre.
Celui qui peut mettre du flux a du pouvoir ou du contre-pouvoir.
Celui qui ne peut pas n'en a pas ou n'en a plus.
Nous en sommes tous capables parce que nous sommes justes et que nous aimons la vérité.
La vérité est radioactive.
Les actions et les matérialisations de la pensée sont infinies.
Il n'y a pas de petites actions parce que nous n'en connaissons pas les conséquences et nous ne devons surtout pas agir, encore une fois, en fonction des résultats.
Il n'y a que des bonnes intentions qu'il faut avoir et c'est suffisant à entreprendre des actions qui finiront par se solidifier.
Les amis, nous vous appelons à prendre position et à intensifier l'aide que l'on peut apporter aux justes.
Nous appelons chacun à s'endurcir sur le plan moral, à enrichir son réseau de leaders d'opinion et à renforcer son entourage tout en lui apportant de la considération.
Nous appelons chacun à faire pression de façon directe ou indirecte sur ceux qui nous maltraitent, nous mettent en danger ainsi que sur leurs alliés.
Nous appelons chacun à discerner les faux amis, c'est à dire ceux qui ressortent de leurs trous pour nous mettre des bâtons dans les roues à chaque fois que leurs galeries sont enfumées. Ceux qui mordent lorsque l'on demande de mordre.
Nous ne sommes trahis que par nos amis, l'ennemi ayant quelque chose à se faire pardonner, il ne peut pas nous décevoir. Chacune de ses actions ou de ses inactions peut être retournée contre lui du fait de ses mauvaises intentions.
Nous appelons chacun à faire preuve de discernement avec ceux qui nous veulent transparents, discrets, à notre place c'est à dire sans défense et inoffensifs.
Ceux qui nous refusent une existence digne.
Ceux qui croient que leur existence est plus légitime que la notre.
Ceux qui basent leur honneur sur des mensonges, l'égo, l’orgueil, les caprices ...
Nous appelons chacun à discerner les processus répétitifs, les stratégies, les tactiques, les intentions, les leviers d'actions, les contradictions, les conséquences, les entrées, les sorties, les flux internes, externes, les concessions, les négociations officieuses, les acteurs, les double-jeu, les euphories, les vengeances, les chantages, les compromissions et à maitriser la communication …
Nous appelons à l'entrainement, à la résistance, à faire du temps son ami, à l'union des justes et des sincères.
Nous appelons à apprendre de nos erreurs, à s'informer, à connaître le passé pour se prémunir du futur.
Nous appelons chacun à ne pas humilier les pompiers, les infirmières, ceux qui ne se sont jamais fait justice eux mêmes et dont nos bourreaux veulent dresser contre nous comme si nous faisions partie du camp du mal contre le camp bleu blanc rouge du bien.
Nous appelons chacun à se préparer à ne pas faire l'erreur de trop, celle qui humilie celui qui est à terre au risque de faire naitre l’énergie du désespoir dans le cœur de l'humilié ou de son entourage.
Il n'y a rien de pire que de créer un ennemi qui n'a plus rien à perdre et pour remplacer un tel ennemi, il ne faut pas un ami mais cent.
Il faut toujours laisser une sortie honorable même à son pire ennemi.
Soyons juste conscient que lorsqu'une injustice est impunie, elle n'est pas isolée, elle se révèle en réalité comme la partie visible de l'iceberg. Elle est la manifestation d'autres réalités plus diffuses moins visibles, sourdes, mais bien réelles.
Si tout oiseau préfère la liberté à une cage dorée allons nous préférer l'esclavage à la libération ?
Prenons le risque de voler de nos propres ailes, nous ne pouvons compter que sur nous même s'il s'agit de perdre le peu de privilèges que l'on a tous. Les mêmes qui comblent parfois le manque de droits et de reconnaissance dans d'autres domaines.
No pain no gain disent les américains.
No fear no dream en diront d'autres.
Préférons une vie digne à une vie lâche et confortable.
Soyons solidaires, dignes de nos rêves et de nos idéaux.
Notre gentillesse ne doit plus être perçue comme de la faiblesse mais comme de l'endurance.
Ne nous nions plus. Nous l'avons trop fait. Nous l'avons déjà trop fait, en voici le résultat, on nous maltraite même dans notre maltraitance. Et même dans notre maltraitance on veut nous persuader que c'est mieux ainsi.
Mieux ainsi pour qui ?
Notre honneur ne reposera jamais sur le mensonge ni sur le déshonneur d'autrui mais sur la vérité. Si la vérité déshonore nous n'y pouvons rien.
Soyons un nous oui mais un nous inclusif.
Relevons nous même si on doit être au tapis.
Les droits de l'homme ne sont pas un titre que l'on a un jour gagné et qui nous est éternel.
C'est une ceinture qui demande un footing tous les matins, un effort à chaque instant et de la remettre en jeu à chaque traitement d'une injustice.
Cette ceinture nos institutions l'ont perdu, ils n'ont pas su à en être dignes, ils ne leur restent qu'à faire illusion aux yeux des touristes qui sont les seuls à croire encore au maquillage.
Peu importe !
Peu importe ce qu'ils nous feront, ce qu'ils pensent de nous, peu importe les pires mensonges qu'ils cautionneront, la justice ne fait que se juger elle même et son utilité à chaque décision de justice.
Quant à nous, ne réagissons plus contre, cessons d'être les protagonistes de leurs agendas, agissons, seul le gong de la mort doit nous arrêter collectivement.
Seul le gong de la mort nous arrêtera !