#JusticePourGaye
" Douze ans que je milite, douze années que j'ai décidé de faire des violences Policières et des ségrégations, mon combat.
Douze ans, année après année je constate que c'est la même rengaine, les mêmes scénarios, les mêmes défunts qu'on enterre et qu'on veut nous faire oublier.
J'avais 15 ans lorsque j'ai participé à ma première manifestation, j'en ai 28. Je suis très fatiguée et très triste mais je ne lâcherai jamais aucun de mes principes.
Nous on ne se réjouit pas de la mort d'un flic, bref on n'a jamais souhaité la mort de quiconque, on ne s'est jamais réjouit de la mort de quiconque, on n'a jamais incité à la violence, et on a toujours condamné toutes les violences d'où qu'elles proviennent... Et voir tous ces êtres humains manquer cruellement de respect à notre dernier défunt en date, Gaye Camara. Ça me rappelle ce qu'ils ont dit d'Adama Traoré.
La vie de nos jeunes ne compte pas.
Nos morts ne sont pas les leurs.
Nos morts ne comptent pas.
Ils ne nous aiment pas, ça on s'en fiche.
Mais de là à rire de nos souffrances et rire de la mort.
C'est quelque chose qui me paraît tellement inhumain et effroyable.
Douze ans, que je supporte les moqueries et le racisme banalisé en soutenant cette cause.
Douze ans que je vois des frères tomber.
Douze ans que je connais par cœur le discours des fachos, douze ans que je mange leur argumentation bidon.
Douze ans que j'ai conscience que ma vie n'a aucune ressemblance avec la leur. Et que mes douleurs, ne peuvent être comprises que par les miens. Et finalement douze ans que je me maintiens qu'avec les miens, ceux qui savent ce qu'on vit, qui le vivent.
Douze ans, que je méprise ces connards pour ne pas dire chiens car on insulte pas les chiens.
Douze ans que je sais, et que j'ai les yeux grands ouverts sur la réalité Française dont Nessbeal parle dans son titre.
Douze ans que je n'ai plus confiance, et douze ans que je n'attends plus rien d'eux car depuis j'ai appris à comprendre ...
Mais là.
J'avoue ça me fait mal.
Quand le mort t'est proche, c'est comme si on enlevait une partie de toi, on la broie et on te rend les morceaux en guise de remerciements pour ta valeur citoyenne ajoutée.
Quand ils insultent ce mort, ils me brisent une partie de moi-même, surtout quand tu sais que ce mort était tout sauf ce qu'ils décrivent, quand tu regardes ses dernières photos et que tu imagines ses derniers instants, oh Seigneur je pense tellement fort à sa famille.
J'ai tellement mal.
Je suis hors de moi.
Je ne pardonne aucune personne qui a manqué de respect à Gaye dans sa mort, aucune personne. Même si c'était ma mère.
Manquer de respect à notre défunt Gaye que Dieu fasse miséricorde de son âme, c'est déchirer l'humanité en deux et créer encore plus de barrières qu'il n'en existe déjà entre nous et vous.
Vous tuez notre mort, à chaque fois que vous sous-entendez qu'il était un délinquant. Vous l'assassinez une nouvelle fois.
Et comme j'ai dit à celles et ceux qui me mettent dans tous mes états en insultant GAYE,
J'espère que ça vous arrivera, soit à vous, soit à une de vos proches. Pour que vous compreniez ce qu'on vit.
Et que vous vous demandiez encore comment on n'a pas fait pour tout brûler et niquer la Licepo !"