Monsieur Le Ministre de l'Intérieur,
En tant que Ministre de la république, votre action doit être cohérente et s'inscrire dans le cadre de l’intérêt commun. Et c'est au nom de l’intérêt commun, qu'il faut exiger une sévérité de la justice en cas de toute agression. Moralement, nul ne peut accepter que l'on s'en prenne à autrui, policier ou pas, mais il faut que cette sévérité soit universelle pour qu'elle soit comprise. C'est ainsi que la justice sera ce qu'elle prétend être, juste, tout en étant efficiente.
Comment pouvez-vous vous affirmer qu'il faut beaucoup plus de sévérité de la justice concernant les agressions dont les policiers sont victimes et ne rien faire lorsqu'il s'agit de crimes ou de violences policières illégitimes ?
Pourquoi feindre un laxisme de la justice sur la police si la réalité est tout autre ?
Une plus grande répression ne fera pas diminuer les violences. Ce n'est pas la cause racine du problème que vous constatez. Ne jetez pas l'anathème, remédiez au mal.
Aujourd'hui la police souffre d'un manque de confiance. Si rien n’est fait le même virus de désamour qui atteint actuellement la police proliférera et contaminera avec un degré peut être plus important l'ensemble de l'institution judiciaire. Vous ne faites qu'aggraver ce mal être et les violences consécutives en vous laissant aller à cette communication nauséabonde. Ce n'est pas ainsi que vous obtiendrez de la confiance, ce n'est pas ainsi que vous rendez service à la police, ce n'est pas ainsi que vous rendez service à sa population. Rendre
service, ce n'est pas forcément céder systématiquement aux caprices. Ne cédez pas aux caprices des syndicats policiers. Malheureusement, comme beaucoup dans la police, ils ne défendent que leurs intérêts personnels. Cette communication a été celle de Sarkozy pendant tant d'années, êtes vous satisfait de l'héritage de sa politique ? N'a t-il
pas été sanctionné pour cette politique ? Pourquoi pensez vous que vous êtes aujourd'hui au pouvoir ? La réalité montre d'ailleurs qu'il y a déjà une aggravation des peines lorsque la victime est policière et une diminution des peines lorsque le policier devient accusé. Ne laissez pas penser que la justice ne protège pas la police, à l'heure de la boulimie de l'information, personne n'ignore le contraire, vous le premier.
La confiance nait de l'exemplarité, c'est la cause racine du problème de la relation police/population. C'est par l'exemplarité et par une exigence endurante que les policiers seront reconnus en tant que protecteur de la population et qu'ils seront aimés. Tant que des policiers tueront, violeront ou brutaliseront sans que la justice
passe, la confiance sera tuée dans l'oeuf. Toutes les sanctions ne se valent pas, un sursis ou un blâme pour un assassinat reste malgré le nombre aussi important soit il et dont vous ne cessez de faire la promotion, une injustice. La justice doit être tout aussi sévère en cas d'incivilités policières que lorsqu'on s'attaque à un policier, c'est ça l'exemplarité. C'est au nom de l'exemplarité et de ses sœurs la fraternité et l'égalité, que vous diminuerez les violences. Aussi utopique que cela puisse paraitre pour certains, c'est la seule solution, sachant
que rien est facile. Vous vous vantez de bien connaître les problèmes alors que comme beaucoup vous ignorez que la culture de la « hagra » est inefficace là vous essayez de l'implanter. Il faut du temps et du courage pour construire la confiance, il suffit de peu pour la détruire. Le temps ne ment pas, il sanctionne ce qui n'est pas juste, légitime.
Faut-il vous rappeler que la France est condamné par tous les rapports des organisations des droits de l'homme en France, à l'ONU ou à la cour européenne pour son laxisme concernant le traitement des violences policières. Ali Ziri, Mohamed Boukourou, Mahamadou Marega, voici le nom de 3 personnes qui sont morts dans les mains de la police
et dont l'affaire a été classé en non lieu alors que vous étiez Ministre de l'Intérieur. 3 noms qui n'ont pas été reconnus comme beaucoup d'autres en tant que victimes. Tant d'affaires tels que l'affaire Wissam El Yamni, Lamine Dieng, Amine Bentounsi, ont actuellement un traitement scandaleux par les institutions policières et judiciaires sans que l'on vous entende vous plaindre ou agir pour remédier à ce mal alors que vous en avez les moyens. Aux yeux de certains « ir-responsables », ces décès ne sont que « regrettables », suggérant qu'ils sont incurables et inhérents à la police. Il y a une adéquation évidente à travers toutes les affaires entre la mort d'un individu et un degré de sentiment d'impunité ressenti par le mauvais policier qui lui ouvrira ensuite la porte du crime. En combattant ce mal, on évite les incivilités policières. En évitant ces derniers, on instaure a fortiori les postulats d'un climat de confiance. Nous souhaitons simplement des gardiens de la paix et une justice « juste » dont on pourrait être fiers. On aimerait tant vous voir agir au nom de la Justice, rien que de la Justice pour le bien de tous et non l'intérêt de certains.