Permis de tuer : l'impunité des crimes policiers en France dénoncée
A travers les témoignages des proches de six victimes « mortes entre les mains de la police républicaine », l’ouvrage, paru en septembre dernier, Permis de tuer met en lumière les « obstacles politiques, judiciaires, médiatiques rencontrés par les proches des victimes, du début à la fin des affaires ». La peine de mort a été abolie mais les crimes policiers sont une réalité. Et le constat est implacable : « 40 ans de crimes, 40 ans d'impunité », lâche Manu, d'Angles morts, en guise d’introduction. « Il faut sortir du silence. »
Police et justice, même combat contre l’impunité des crimes policiers
Ensuite, la défense systématique des policiers par le ministre de l’Intérieur et « une solidarité » entre police et justice à toute épreuve. C’est très exactement ce que vit Amal Bentounsi. Son frère Amine, 29 ans, a été abattu d’une balle dans le dos, le 21 avril 2012, à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).
Initialement poursuivi pour « homicide volontaire », l’agent de police responsable de sa mort a vu sa peine requalifiée en « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Le chef d’inculpation « volontaire » a disparu, parce qu’un expert a jugé possible qu’un homme puisse se retourner en une seconde, et donc menacer le policier, rapporte la sœur de la victime, qui a du mal à retenir ses larmes. L’enquête sur la mort d’Amine, explique-t-elle, est « la démonstration magistrale qu’en France la justice n’est pas impartiale ».
Des experts favorables à la police, jamais aux victimes
Dans le dossier de Wissam, il y a une véritable « manipulation de preuves », explique son frère. Les photos apportées au dossier par les policiers ne sont pas les bonnes. Alors que les clichés réalisés le soir même de l’interpellation laissent voir des marques de strangulation, les forces de l’ordre les ont remplacés par des clichés qu’ils ont refaits quelques jours après. L’avocat de la famille de Wissam a voulu présenter des photos prises par les médecins et le frère de la victime, qui prouvent la strangulation, mais le juge n’a pas voulu en entendre parler, raconte-t-il.
Des abus qui relève du « racisme institutionnalisé »
Pour les organisateurs de la soirée, l'ouvrage doit également permettre de faire passer un message, celui du« manque d'implication du mouvement social et progressiste sur ces questions ». Il faut aller au-delà de la récupération médiatique au moment où ces affaires surviennent, et engager un vrai travail sur ces questions, qui relèvent du « racisme institutionnalisé ». Une triste réalité à laquelle les appareils policiers et judiciaires sont appelés à reconnaître pour que l'égalité devant la justice entre les citoyens soit assurée.